Invention du moulin à eau

Avant le moulin à eau

L'invention du moulin à eau

Les raisons de ce retard


  1. Avant le moulin à eau

    Depuis le Néolithique, l'homme cultive les céréales. Il se sédentarise, l'agriculture se développe. La farine devient alors la nourriture de base pour la confection de galettes ou de bouillies.
    La première technique utilisée fut le concassage : les grains sont écrasés entre deux pierres, puis en roulant une pierre ronde dans une pierre creuse, ensuite avec un pilon et un mortier. Les Egyptiens procédaient encore de cette manière là.

    Egyptiennes broyant du blé
    (Musée Borely, Musée du Louvre)

    Pilon et mortier


    Il est difficile de déterminer quand et où la pierre cylindrique munie d'un manche fit son apparition, mais on en a retrouvé des exemples dans les ruines de Pompéi. Au cours des siècles, le mouvement circulaire manuel ne cessa de se développer. On imagina d'introduire le grain par le centre évidé de la meule supérieure, ce fut le moulin à bras. On inventa des manèges auxquels on attelait des esclaves ou des animaux (chevaux, ânes, vaches) pour faire tourner des meules plus grosses. Ce furent les moulins à sang.

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  2. L'invention du moulin à eau

    On ne sait pas précisément quand et où fut utilisé le premier moulin à eau, ni qui est son inventeur.
    Selon Marc Bloch, historien français spécialiste du Moyen Age, le moulin à eau serait le détournement d'un mécanisme d'irrigation. En effet, l'une des plus anciennes utilisations de l'énergie hydraulique est celle des roues élévatrices qui permettent d'amener une partie de l'eau servant à les mouvoir jusque dans des conduites d'irrigation.
    La première mention d'un moulin à eau est faite en l'an 18 avant J.C. dans le palais que Mithridate avait fait construire à Cabire, dans le Pont. Si ce moulin date de la construction du palais, il remonterait aux années 120-63. Un peu plus tard, Vitruve décrit un moulin à roue verticale, puis Pline signale des moulins sur les rivières italiennes. Le moulin à eau est sans doute une invention du bassin oriental de la Méditerranée; d'ailleurs Vitruve ne le connaît que sous son nom grec: hydraletes. Mais on ne possède que très peu de descriptions des mécanismes employés et l'on ne sait pas si ces moulins étaient à roue verticale ou horizontale.
    On a cependant beaucoup discuté pour savoir si le moulin à eau avait été importé d'Extrême-orient, les premiers moulins à eau de Chine étant décrits vers l'an 31 de notre ère, ou s'il y avait été exporté par l'Europe Occidentale.
    La corporation des meuniers, nettement différenciée, apparaît pour la première fois à Rome dans une inscription de 448.
    Jusqu'au IVe siècle, on ne connaît que des exemples méditerranéens et gaulois, les restes archéologiques étant peu nombreux. Seul un texte d'Ausone, du IIIe siècle, fait mention d'un moulin sur un affluent de la Moselle.
    Au VIe siècle, en Europe, les moulins à eau peuvent encore se compter sur les doigts de la main : celui de Dijon, celui de Nicet-sur-Moselle, celui de Genève.

    En France, le nombre de moulins à eau connaît une extension énorme au Moyen Age, entre le Xe et le XIIIe siècle. « Invention antique, le moulin à eau est médiéval par l'époque de sa véritable expansion » écrit M.Bloch.

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  3. Les raisons de ce retard

    La découverte du moulin à eau dans l'Antiquité n'est pas suivie d'une véritable expansion, bien que cette invention soit un énorme progrès technique. Les raisons sont données par deux historiens français : Marc Bloch, tout d'abord puis Charles Parain qui nuance les propos de son prédécesseur.
    Selon M.Bloch, « une invention ne se répand guère que si la nécessité sociale en est largement ressentie ». Ce qui n'est pas le cas dans l'Antiquité puisque les maîtres possèdent une main d'oeuvre abondante et gratuite : les esclaves. C'est la fin des grands systèmes esclavagistes entre l'Antiquité et le Moyen Age et l'augmentation de la population dans les villes qui sont donc les causes principales du développement du moulin à eau. D'autres facteurs jouent aussi dans cette lente expansion du moulin à eau : la peur des caprices de la nature (gelées, inondations qui empêchent l'utilisation du moulin), la menace d'un siège (les assiégeants peuvent couper les cours d'eau et la ville est en péril si elle ne possède pas de moulins à bras) et enfin les déplacements des populations encore importants à cette époque.
    C. Parain y rajoute un facteur agricole : l'expansion des cultures céréalières qui se développent sur les terres gagnées par le défrichement et le glissement de la culture des blés vêtus (épeautre) vers les blés non vêtus (seigle, froment) qui se prêtent mieux à la mouture.
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