Déclin du moulin à eau traditionnel

L'invention de la turbine

Déclin du moulin traditionnel

Et aujourd'hui ?


  1. L'invention de la turbine

    La turbine est un nouveau moteur hydraulique, perfectionnement des roues horizontales.
    Le principe de la turbine est dû à Bélidor, mais c'est M. Burdin, ingénieur des Mines, qui leur a donné ce nom vers 1824 parce qu'elles tournaient à la manière d'une toupie (turbo). Il appliqua le premier une roue de ce genre dans la Manufacture Royale d'armes de Saint-Etienne.
    On peut attribuer à Fourneyron, élève de M. Burdin, la construction de la première turbine d'usage industriel vers 1830. Il y apporta aussi quelques perfectionnements (turbine Fourneyron). Dans ce moteur, l'eau arrive sous pression et, par réaction, en sortant de l'appareil, fait tourner une roue horizontale noyée.
    Lentement, les turbines remplacent les roues traditionnelles. Cependant celles-ci résistèrent aux premières turbines du fait de leur rendement comparable et de leur relative simplicité. Armangaud, ingénieur spécialiste des moteurs hydrauliques écrivait d'ailleurs vers 1860 : les roues verticales « ont l'avantage d'exiger peu de frais d'entretien, d'être faciles à réparer et de ne pas être bien susceptibles de se déranger. Il suffit souvent, en effet, de remplacer quelques aubes, de resserrer quelques boulons, et elles marchent ainsi des années entières sans aucune réparation ».
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  • Déclin du moulin traditionnel

    Au commencement du XIXe siècle, il y avait en France plus de 75 000 moulins et usines hydrauliques fonctionnant avec des roues traditionnelles et il en restait encore 50 000 au début du XXe siècle.
    La fin de la première guerre mondiale voit le début de l'exode rural, les enfants du monde rural partant à la ville profiter du travail dû à l'essor industriel. Peu à peu, les meuniers disparaissent faute de successeur pour reprendre le moulin et par manque de travail. D'autre part, le moulin traditionnel est concurrencé par de nouvelles techniques : les turbines se sont améliorées et affichent un rendement allant jusqu'à 70%, les cylindres se substituent aux meules, la machine à vapeur s'installe dans les minoteries... et les meuniers n'ont pas les moyens de moderniser leurs installations comme le font les grandes minoteries. En outre, en 1935, une loi fixant un contingent par moulin calculé suivant sa moyenne d'écrasement, puis en 1953 sa transformation en "droit de mouture" achèvent ceux qui ont survécu à la révolution industrielle.
    Cependant, les moulins particuliers, c'est-à-dire appartenant à une ou plusieurs fermes et dont les paysans s'occupent eux-mêmes pour moudre le grain de leur propre consommation, ont survécu à l'invention des turbines et à la révolution industrielle jusqu'à la première guerre mondiale. Laissés quelque peu à l'abandon pendant l'entre deux guerres, ils ont été utilisés à nouveau pendant la guerre de 40 et jusque dans les années cinquante.

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  • Et aujourd'hui ?

    La plupart des moulins à eau ont été abandonnés dans les années cinquante-soixante; très peu ont été conservés en état de marche par manque d'entretien et de rénovation. Les paysans de la génération des moulins à eau se souviennent d'un travail difficile et pénible quand il fallait porter les sacs de blé sur le dos ou piquer les meules, et la génération suivante préfère investir dans des techniques nouvelles plutôt que rénover des machines obsolètes et peu rentables. D'autres moulins ont été vendus par leurs propriétaires et transformés en maison de campagne! Cependant, quelques rares moulins à eau traditionnels continuent de tourner ou sont encore en état de marche pour moudre le grain destiné aux bêtes dans certaines fermes (Tarn, Pyrénées).

    Depuis quelques années, des associations se sont créées dans le but de restaurer et de conserver ces moulins abandonnés qui font partie du patrimoine français. Citons par exemple le cas de l'Association Régionale des Amis des Moulins du Midi Toulousain (ARAMMT) créée en 1991 et dont le but est de sauvegarder et restaurer un moulin par région et par fonction : un moulin bladier à vent, un moulin à eau pour l'huile, ... Cette association travaille actuellement à la restauration d'un moulin à vent bladier à Montbrun-Lauragais (Haute-Garonne): les crédits ont été donnés par la région, le département mais aussi par certaines entreprises comme EDF ou l'Agence de l'eau. La restauration est confiée à des artisans et compagnons qui connaissent les techniques anciennes utilisées pour la construction des moulins.

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